dimanche 25 novembre 2007

barres anonymes 2


barres anonymes, Epinay et Bondy






Voici deux barres, comment les qualifier autrement. Mais parfois j’aime bien les barres, celle de Dubuisson par exemple.
Ce qui peut être intéressant c’est la manière dont la rythmicité de la façade joue et comment ce jeu est constitutif d’une idée architecturale et non d’une géométrie de façade. Je ne connais pas les bâtiments de ces deux cartes postales, je ne sais pas comment sont les appartements, comment on y vit. Mais si je regarde, si j’essaie d’aimer avec les yeux disons que celui de Bondy, la Noue Caillet, me propose un damier alternant fenêtres et murs le tout fendu de balcons en colonnes. Le rythme est brisé au dernier étage par une double ligne de fenêtres en continu. C’est assez beau, ça tente d’ouvrir au plus la barre et allège la longueur. Si l’exemple de Le Corbusier est suivi je crois que le côté rempli de balcons est la façade plein sud, avec la profondeur des appartements au bout des couloirs. Comment savoir si les appartements sont traversants ?
Le message au dos de la carte est intéressant : “...Voici notre immeuble et la garde de celui-ci, deux escaliers et demi autant à l’autre gardienne, notre entrée marquée d’une croix et la fenêtre de notre chambre par une autre croix...”
Je pourrais mettre cette carte dans ma collection de cartes situées. J’aime que sur cette trame, le bic pose le lieu de la vie, personnalise l’habitat. Car finalement que cela change-t-il pour le correspondant ? Tout. Absolument tout, c’est là et pas ailleurs et la projection mentale, l’imagination qui travaille en partant d’une croix sur une fenêtre me dit le point de vue approprié par les habitants. C’est aussi ne pas risquer que l’autre vous croie perdu dans le damier.


La barre d’Epinay-sur-Seine est dure, implacable. La couleur, un rose saumon un peu sale sans variation, écrase le rythme des fenêtres longues. Que cachent les stries verticales ? Des séchoirs, des cages d’escaliers, d’ascenseurs ?
En tout cas cela ne change rien à la plasticité pauvre de cette barre. La chaufferie de l’immeuble devient une tour maigrelette sans intérêt. Il y a quelque chose de puissant, de fort et de radical dans ce genre de dessin. Comme des coups de règles et d’équerres sur un papier, c’est dessiné à l’outil tubulaire, au tire-ligne affuté et à la table de multiplications. C’est l’unicité pensée a minima et additionnée l’une contre l’autre. Là aussi des croix marquent le lieu de vie du correspondant. 7ème étage au milieu de la barre, le plus difficile, le plus perdu. En plein dans la trame. Mais quoi ? Comment la vie se fait dans cet appartement ? Moins bien que dans la trame des pavillons étalés à l’envi de voies sans issue ?
La carte de Bondy est une édition Combier en photographie véritable, elle n’est pas datée. Celle d’Epinay (les Presles-Maupas) est une édition Combier également en cimcrome, elle n’est pas datée.