mardi 24 février 2009

un Solex, un hôtel, un Tati




Rapidement et parce qu'une fois de plus je trouve d'excellentes informations sur le blog de Joachim, je vous soumets des petites gourmandises sans prétention, quelque chose comme une guimauve qui n'en finit pas de tomber et qui n'en finit pas d'être secourue par Monsieur Hulot.
D'abord un Solex, celui de cette dame en pleine vitesse tendant le bras à gauche toute (un signe des temps ?).
Elle circule dans les rue de Gennevilliers, dans le quartier des Agnettes (3000 logements), la première tranche, comme nous l'indique cette carte postale.


Voici maintenant l'hôtel de la plage où j'ai séjourné en 1993. C'est celui des Vacances de monsieur Hulot un peu transformé depuis le film. Je n'y ai rien retrouvé du film à part les quelques affiches de film de Tati, une certaine ambiance familiale et les rochers sur la plage. Nous avions fait la route depuis la Normandie dans ma superbe Renault 10 de 1967 que je venais tout juste d'acquérir.


Me voici photographié par Jeannette, 86 ans à ce moment. Je tiens beaucoup à cette image parce que c'est elle qui a cadré, parce que c'est un triangle : Jeannette, Jacques Tati et ma pomme. Si on regarde bien elle a visé aussi un peu son doigt !

La carte postale de l'hôtel est une édition Combier au timbre bien choisi.


Ce timbre nous emmène vers la troisième carte postale. Il s'agit d'une carte promotionnelle reprenant l'image du célèbre facteur  François qui fait "l'hélicoptère" et qui distribue le courrier "à l'américaine". 
Pas de date mais on est au milieu des années 90.
Nous avons quitté un peu l'architecture aujourd'hui, disons que nous avons parlé un peu moins des architectes. Nous avons parlé de lieux et souvent ils n'existent ces lieux que par la présence ou l'absence de personnes ou de personnages. Certains lieux nous manquent mais nous manquent également ces présences qui les arpentaient.
Pour comprendre cette journée, n'oubliez pas de jeter un œil sur le blog de Joachim ici :
http://365joursouvrables.blogspot.com/
Je donne n'importe quoi pour une heure à Saint Marc sur Mer avec Jeannette. Pour une heure avec Monsieur Hulot, il me suffit d'un bon DVD.

les absents et les présents

Je continue mon interrogation sur les lieux vides ou vidés de  présence humaine. La photographie objective allemande a dû trouver dans ce genre de cartes postales une influence bien sentie. Je vais jusqu'à penser que Martin Parr au travers de sa collection de Boring Postcard se moque doucement et de biais de cette école allemande en proposant la preuve directe de cette influence d'un art populaire. (voir ses fameux albums Boring Postcards)
Là c'est moi qui construis.
Voici donc quelques exemples (il y en a chez moi des dizaines...) de chaises vides, lits vides, salles vides.
Je commence avec une carte postale de la salle de conseil d'administration du Centre Technique du Bois, 10 avenue de Saint-Mandé à Paris 12ème. Cette carte manifestement des années soixante fut pourtant expédiée en 1986 ! On admirera le beau sous-bois qui fait le mur.

On poursuit avec cette carte postale du groupe Ancienne Mutuelle de Belbeuf en exclusivité chez Ellebe éditeur. Admirable...

Nous voici maintenant à la colonie Foyer des jeunes de Littry Calvados dans le dortoir des garçons. Une carte postale en photographie Poppé expédiée en 1962 par Patrick. C'est euh... intime !

Il nous faut une salle de repos et de convalescence à Baccarat. Voilà qui est fait grâce à cette carte postale  en Cimcrome. Pas de date mais pas de convalescent non plus...

Mais parfois les salles se remplissent et pas toujours de manière naturelle. Voyez ce merveilleux exemple avec cette carte postale du Beef Club à Zürich. Tout est parfaitement orchestré, mais surgira bientôt un Monsieur Hulot qui fera de ce lieu une vraie fête. Pas une miette !
Un peu moins posée, cette carte postale de la Sirène de la Baie (véhicule amphibie, intérieur du bateau) chez N.C.A éditions.
A votre santé ! Parfois quand c'est plein c'est aussi un peu vide non ?

Pour finir avec ce petit jeu du vide et du plein, voici deux exemples de théâtre. L'un vide, c'est celui de Munich, le Théâtre National chez Lengauer Karte. Madame Candida Höffer n'a rien inventé...

L'autre totalement plein, il s'agit de la Scala de Milan en Vera fotografia expédiée en 1960. Tout le monde fixe le photographe, incroyable !!
Entre Shinning de Kubrick et l'homme qui en savait trop de Hitchcock.

Blow Up

Je réponds un peu mieux à Joachim qui dans un commentaire, hier, posait le postulat que les cartes postales le plus souvent affirmaient la présence humaine par au moins une silhouette lointaine.
Je crois pour ma part que les cartes postales ont souvent le goût du vide. Un goût qui m'autorisa à nommer l'un de mes classeurs de rangements de cartes postales du terme "les absents". Il s'agit, c'est vrai, surtout de vues d'hôtels, de restaurants ou de collectivités où il semble que tout le monde ait disparu d'un coup. Les cartes postales de villes vidées existent bien également. Je n'ai eu aucun mal à en trouver dans ma collection. Mais connaissant un tout petit peu Joachim, je suis certain que celui-ci, à l'image de la célèbre séquence de Blow Up d'Antonioni, trouvera à la suite d'agrandissements et de recadrages successifs une présence dans ces images. J'espère qu'il ne s'agira pas comme dans ce film d'un assassinat !

Je commence donc par une carte postale de Sarcelles nous montrant le parc central, éditée chez Leconte. Pas de date et personne...

Voici maintenant le Gratte-Ciel et collectif de Bloux de Macon. Cette carte postale fut expédiée en 1956, c'est une Combier en photographie véritable et il n'y a personne...

Une carte postale de Courrières, les Blocs (sic !) aux éditions de l'Europe en Eurolux. Des automobiles mais toujours personne...

Ici à Argenteuil, la place Diderot chez Lynacolor. Personne quoique... regardez bien... vous voyez ?

Une carte postale de Grand Couronne tout près de chez moi. Encore le Parc Diderot oui !! Carte postale éditée en 1994 par la Société d'Histoire de Grand Couronne, une photographie de Monsieur Boulanger, une photographie sans personne...

On terminera avec ces deux vues que j'adore. La première est une carte postale de Fauville en Caux, le Stade municipal, éditée par La Cigogne en 1951. Un vide sidéral.

L'autre est une carte postale de Millas qui nous présente le terrain de Sport et le Canigou en Romacolor chez Apa expédiée en 1970, le vide ici est sidérant.
Je n'ai effectué aucune recherche sur les architectes concernés. Cela viendra un autre jour.