samedi 31 juillet 2010

petites (grandes) choses françaises

D'abord une église :

Oui une église.
Nous sommes à Pont-de-la-Maye devant l'église Saint Delphin.
Les architectes ne sont pas inconnus de tous ceux qui aiment Royan car ils y ont fait de belles choses. Il s'agit de messieurs Salier, Courtois, Lajus et Sadirac. (Merci Archiguide)
Cette église est bien dans leur manière : sculptée et audacieuse.
L'image nous montre bien à la fois sa volumétrie tout inscrite dans cette pente rigoureuse et dans ce jeu des détails comme le beffroi sur le toit ou encore la manière dont est réalisé le passage entre l'intérieur et l'extérieur. On admirera également comment le bâtiment fait sa propre clôture en embrassant en quelque sorte la petite place ainsi créée.
Vraiment habile, pensé et spatial.
Mais...
Une nouvelle fois je n'aurais pas dû aller voir ce qu'il en est aujourd'hui de ce patrimoine car c'est bien triste la manière dont cet ensemble pourtant si représentatif est complètement abandonné. la clôture est supprimée et l'ensemble est dans un piteux état.
En tout cas depuis Google Earth.



Reste à espérer que la commune verra dans cette église un patrimoine de l'architecture religieuse du XXème siècle et qu'elle accordera de l'attention à cette réalisation d'architectes qui n'ont pas, et de loin, démérité. Le patrimoine c'est aussi ces petits édifices dans nos villes.
Quelle abandon tout de même de la part d'une municipalité quel manque de regard sur ce type d'édifice... Dommage. La carte postale est une édition Aquitaine-couleurs expédiée en 1971.
Et maintenant :


Reçu ce matin par la poste ce foyer de la Mutuelle Nationale de la D.G.J (?) à la Bourboule aussi nommé Les Planches.
Pas grand-chose certes, mais bien dessiné et presque audacieux avec ce toit tout plié et couvrant un plan circulaire. C'est extrêmement lumineux et ouvert, bien fini là aussi dans les détails (regardez bien) et au milieu ainsi du paysage, ma foi, ça prend sa place avec fierté.
C'est un rien pimpant et chaleureux.
J'aime.
Le photographe de cette carte postale Y.P.A est nommé : H. Bigay mais pas l'architecte et c'est dommage car lui non plus ici n'a pas démérité et j'imagine que le dessin de la charpente à l'intérieur de la construction doit être un beau spectacle.
Merci Claude pour cette trouvaille.
Un intérieur :


Surtout la charpente.
Oubliez la décoration et regardez bien tout de même cette charpente en lamellé-collé. Elle ondoie en courbes et contre-courbes assez joliment non ?
C'est gracile et la simplicité des piliers me réjouit, oui.
Il faudrait voir cela de l'extérieur et comprendre ce que cela couvre.
Mais voilà une petite chose qui ne manque pas d'un certain attrait.
Nous sommes au restaurant de l'étoile tenu par Enrico et Marika à Thoiry.
Il y a un jardin d'hiver, un jardin d'été, la cuisine est soignée et le menu touristique. Il y a même un menu touristique pour les gourmets avec comme spécialité le... couscous !
Le téléphone ? Je vous sens disposé... le téléphone est le 21 ! C'est un peu court je sais mais nous sommes en 1974 !
Parfois, les petits choses de l'architecture par leur attention, leur simplicité nous font croire qu'il est possible que le quotidien trouve de la beauté.
Il faudrait encore que ceux qui sont en charge de préserver fassent leur travail.

vendredi 30 juillet 2010

Fabuleux Skateboarding 3D de Sebastian Denz


Pendant notre voyage d'études en Espagne, j'avais découvert ce livre dans l'exposition consacrée aux livres de photographie au sein du Photo-Madrid.
J'en avais rêvé.
Le livre d'un grand format et d'une qualité d'impression irréprochable présente des photographies de Sebastian Denz en anaglyphe (vision du relief) de skateurs en plein action ou au contraire posant d'une manière égale devant l'objectif stéréoscopique de Monsieur Denz.
La qualité du relief est vraiment magnifique ce qui parfois avec ce genre de procédé est un peu difficile.
Ici rien à dire, chaussé des lunettes rouges et vertes mise à disposition dans l'ouvrage on est saisi par la grande présence des protagonistes dans l'univers urbain du skate.


Je vous ai déjà dit que j'aimais les skateurs et combien je les enviais. C'est en fait ce livre que j'attendais pour faire l'article consacré à Jérémie avec ce petit montage.


Dans ce livre on peut reconnaître quelques lieux importants de l'architecture comme le Volcan de Niemeyer au Havre. D'ailleurs le photographe a fait des études d'architectures et cela explique un peu certainement son goût pour les spots bien marqués de ce point de vue.
Il me semble également reconnaître le toit de la cité radieuse à Marseille. Mais j'ai un doute que Jérémie lèvera.
En tout cas, je reste sur le derrière !
Je réalise depuis maintenant plus de dix ans des vues stéréoscopiques et je sais la difficulté qu'il peut y avoir à ce genre d'entreprise. Mon brave Vérascope Richard (50 ans) serait bien trop faible je crois pour ce type d'images.
Mais au-delà de cette question, reste l'exploration d'un univers urbain que j'aime. Je crois que finalement comme avec les photographies de Monsieur Darzacq, cette question d'une liberté corporelle dans la ville me fascine moi qui suis si empoté.
Je remarque aussi que dans cet ouvrage, les skateurs ne sont pas de jeunes adolescents mais des adultes jeunes certes mais dont on sent la grande expérience. Je ne sais pas s'il s'agit d'amis du photographe ou de rencontres heureuses sur les spots (!).
C'est un superbe livre, une mécanique visuelle donnant envie de voir, regarder et glisser au travers de la ville. Et tomber aussi... sur le derrière!
J'essaie de vous donner un aperçu mais sans lunettes anaglyphiques vous ne verrez pas le relief; mais on en a tous une paire qui traîne quelque part, et surtout cliquez sur les images pour les agrandir :

Est-ce bien le toit de la cité radieuse à Marseille ?

ici c'est bien le Volcan de Niemeyer au Havre :






Pour Jérémie un spot marseillais qu'il connaît peut-être :




l'une des images que je préfère, du skate en forêt :



Skateboarding 3D
de Sebastian Denz
éditions Prestel
2010
disponible sur Amazon...

un gendarme à New York

Hier soir, pour la 72, 86, 54ème fois j'ai regardé cette merveille du cinéma français qu'est le gendarme à New York.
Bien m'en a pris car... Il se trouve que nos gendarmes logent à l'Americana Hôtel, établissement que vous avez pu voir dans un article Arlequin ici. Morris Lapidus and Associates, architectes en 1962.
Collision des fictions, joie des retrouvailles, plaisir du collage, me voici heureux en entendant l'un des gendarmes évoquer cet hôtel comme lieu de leur séjour et en le reconnaissant comme un vieil ami sur mon écran de télévision.
Sinon...
Bon il faut reconnaître que ce film est un absolu chef-d'œuvre reléguant l'œuvre des Straub et Huillet aux oubliettes.
La parodie de West side story est à mourir. Remarquez je n'aime pas plus l'original !
Alors pour le plaisir des yeux voici quelques images volées sur mon téléviseur et je vous redonne la carte postale.
Il faudrait savoir si le tournage a bien eu lieu dans cet hôtel, si les décors intérieurs des chambres et du hall sont bien ceux de l'établissement.
Mince... je n'ai pas regardé sur le générique de fin !
Il me faudra donc revoir le film une 102ème fois !
Voici la carte postale :

Au dos on peut lire en anglais que l'hôtel contient 2000 chambres et suites toutes avec bar et réfrigérateur et deux téléphones !
Il y a aussi quatre restaurants, un Fabulous Royal box Club. On apprend aussi que l'équipe de l'hôtel est multilingue (ce qui est confirmé par un épisode du film). L'hôtel possède également son propre garage, un centre commercial (également confirmé dans le film) et un théâtre...
Sur cette image on voit Louis de Funès suspendu sur le pignon de l'hôtel, enfin, sa doublure !


Et voici New York en morceaux dans ce film :




jeudi 29 juillet 2010

Dentelle toute fraîche


La carte postale est encore tiède des doigts de la factrice.
Cette carte postale nous montre la Cité internationale de la dentelle et de la mode de Calais par les architectes Moatti et Rivière.
Plus précisément encore l'aile contemporaine, façade courbe en verre sérigraphié.
On devine l'effet de creux et de bosse sur cette façade qui semble ainsi subir une onde mystérieuse qui la déstabilise. Il est question ici de référence directe à l'objet même de ce qui est protégé par le musée car le motif et la souplesse de cette façade évoquent les cartons perforés des métiers à tisser la dentelle.
C'est, on en convient spectaculaire et iconique.
Il faudrait s'amuser à établir une liste des bâtiments qui citent ainsi leur contenu programmatique sur leur façade.
Je pense par exemple, pour rester dans le contemporain, à Manuelle Gautrand et le centre Citroën sur les Champs-Elysées avec son jeu graphique autour du logo aux doubles chevrons de la marque automobile.
Mais cette dernière fait structure.
Ici c'est moins certain.
Il faudrait aussi se demander en quoi cela est nécessaire pour faire architecture. Il s'agit bien là je crois d'une question d'image et d'assurance sur la modernité, d'une manière d'excuse presque, de justification de cette modernité s'obligeant à la référence en un jeu de miroirs et de langage.
Reste sans doute une façade finalement assez étonnante mais qui une fois la déclaration d'intention passée ne devient qu'un geste de plus. Le spectacle.
Il y aussi le très beau porte-à-faux. Cela m'intéresse un peu plus. J'aime l'idée de la suspension d'une forme même si le pilier (pilotis) peut aussi être l'objet d'une recherche structurelle et formelle. Mais je suis toujours sensible à un volume en équilibre et au lieu et à la méthode qui permettent cette tension équilibrée entre chute et suspension.
Alors on peut sur You Tube trouver l'un des architectes évoquer cette construction. On peut entendre comment le langage achève finalement l'intention architecturale, comment cela emballe :
"... mais vous savez un bâtiment ce n'est pas le flacon mais le parfum qui en reste..."

Merci à Claude en tout cas pour cette nouvelle pièce dans ma collection.

mercredi 28 juillet 2010

Bobigny par le jeu

Deux cartes postales qui semblent vouloir jouer le même refrain, celui de l'atténuation de l'architecture par les jeux en plein air.
Vous connaissez maintenant mon intérêt pour ces lieux construits et ludiques, eh bien voici encore deux représentations de ces espaces au pied des tours de la Cité Paul Eluard de Bobigny.
La première :


Cette carte postale Raymon expédiée en 1975 inscrit cet espace de jeux au creux d'une sorte de vallon vert et encadré par ce qui semble un parking à jardinières. En haut sur la dalle les barres hautes et rugueuses, un rien (?) minérales dominent et surveillent.
Pour venir là il doit falloir descendre l'escalier à droite.
Les volumes de jeu sont des tubes de canalisation en béton
peints de couleurs vives. Il y a aussi des cubes qui jouent de l'échelle, bien plus petits que les immeubles mais encore trop grand pour un jeu de cube en bois. Ils sont une taille intermédiaire et sorte de réduction joyeuse d'un plan d'urbanisme.
Toujours je dois lire un détail. Toujours.


Et là dans cette image c'est ce jeune homme de dos habillé dans un ensemble bleu en jean qui me rappelle beaucoup celui de mon père dont je garde encore (et porte aussi parfois) la veste.
Les mains sur les hanches il parle à une jeune femme en surveillant j'imagine son enfant venu jouer là.
Où vont-ils se rendre ensuite tous les deux ?
Depuis quel étage l'enfant pointe-il du doigt cet espace de jeux lorsqu'il veut descendre ?
Puis si on se déplace légèrement :


Le même endroit photographié par Serge Henry pour les éditions Lyna, Abeilles-cartes.
C'est intéressant cette proximité de points de vues entre les éditeurs. Les deux photographes viennent là et placent tous deux leur appareil photographique sur ce morceau d'enfance au pied des tours.
Serge Henry choisit la hauteur et écrase un peu plus les jeux alors même qu'il s'en rapproche. Il fait dominer l'architecture mais aussi dans ce même geste propose cette tour de ciel qui ouvre l'image et écarte les deux tours l'une de l'autre.
On perçoit mieux de quoi sont faits ces jeux et une nouvelle fois on peut penser à Jacques Simon.
J'aime cette image car elle me semble faite de deux lieux, le bas, sorte de déjeuner sur l'herbe et le haut, radicalité massive du logement social.
En cherchant des informations sur Bobigny je suis tombé sur les images de Denis Darzacq. J'avais déjà eu la chance de voir ses photographies de la série
La Chute au Pôle Image de Haute-Normandie et j'avais été littéralement soufflé par ce travail superbe.
J'enviais alors à la fois la liberté des corps suspendus et la capture puissante de cet instant. Je jalouse complètement ce travail.
Et ma jalousie va de celui qui pose à celui qui photographie. Je veux dire qu'il m'est impossible d'entreprendre mon corps dans un tel espace et que je suis encore bien plus incapable de penser le saisir.
L'espace urbain, le lieu même de ces chutes apporte encore au sentiment de liberté car ici point de subterfuge de l'atelier ou du Lieu. Simplement le trottoir, la façade, la fenêtre éléments devenus un instant (300ème de seconde ?) le cadre, l'échelle de cette liberté.
Je vois ici Donald O'Connor marchant sur les murs, je le vois avec eux jouant chacun leur tour de leur connaissance parfaite de leur oreille interne et de l'articulation de leurs genoux !
Allez voir le travail de Denis Darzacq.

mardi 27 juillet 2010

la fonction oblique en mouvement

Voici deux documents très rares sur l'église Sainte Bernadette du Banlay à Nevers par Messieurs Claude Parent et Paul Virilio.
D'abord cette image :


Il ne s'agit pas à proprement parler d'une carte postale car le dos n'est pas divisé ainsi mais d'un cliché qui semble tout à fait constitué pour en devenir une.
Le bord est frangé, le point de vue est bien marqué en ce sens, la taille de la photographie, et au dos on peut lire sur l'image les indications suivantes tamponnées : église Sainte Bernadette, Nevers photo A. Gonin-Nevers.
Bien évidemment pour moi et pour tous ceux qui aiment le travail de Claude Parent cette photographie est l'occasion de voir et revoir cette merveille.
D'ailleurs cette photographie semble avoir été prise juste à la fin du chantier, les alentours n'étant, me semble-t-il pas construits.
L'image est bien composée offrant une ligne de fuite venant mourir sur le bunker à droite, le noir et blanc accentue la brutalité superbe de la construction.
Si Monsieur A (Antoine ?) Gonin voulait bien nous en dire plus...
Autre document encore plus rare :


Sur cette carte postale des éditions Alix "Frances vues" en photographie véritable on voit le club "fonction oblique" de la Paroisse du Banlay à Nevers à l'entraînement
Il s'agit d'une partie peu connue de l'histoire de cette église mais face à l'étonnante proposition d'une église en oblique, les paroissiens avaient décidé de faire des séances d'entraînement avant même la fin de la construction de l'église afin de préparer leur corps aux changements dus à cette révolution.
Au fond de l'image on perçoit d'ailleurs très bien une personne allongée à l'oblique laissant ainsi son corps prendre conscience des plans inclinés.


Il semble que ce club fut dissout dès l'ouverture de l'église mais que quelques membres assidus émigrèrent vers Sens et son centre commercial suite à une pratique trop forcée, ils ne pouvaient plus qu'arpenter des lieux inclinés.
Si vous êtes de ce club ou avez connu certains des membres faites-le nous savoir.

dimanche 25 juillet 2010

nouveautés religieuses modernes

Reprenons notre filon des églises modernes et contemporaines, programme architectural toujours aussi passionnant et aux réponses parfois si stupéfiantes.
Je commence fort par une carte postale de Norvège, de Trondheim exactement :


Cette merveille est l'église St Olav (St Olavs Kirke).
Typiquement le genre de chose que j'aime, croisant les programmes architecturaux à des réponses visuelles (images) pouvant paraître incohérentes.
Ici une sorte de hangar de pavés de verre faisant penser vu l'utilisation large de ce matériau à Chareau et sa maison de verre.
Mais le hangar ici s'allonge, se dégage de l'environnement et offre à la fois une transparence et un bloc opaque.
Pas de porte visible, pas de vitrail, l'église semble malgré ce travail de lumière fermée au monde extérieur. Le bandeau blanc ceinturant le haut de la construction parachève l'effet de construction industrielle faite pour elle-même presque à l'économie comme les boites à chaussures commerciales de nos zones artisanales.
En fait, le campanile nous permet de toujours revenir sur cette première impression et nous dit avec sa croix en tube juchée sur un cube cachant soit les cloches soit des haut-parleurs (!) qu'il s'agit bien d'un lieu religieux. On pourrait y voir tout aussi bien une caserne de pompiers. D'ailleurs admirons cette magnifique tour, sa légèreté et son escalier gracile absolument superbe :


et son ombre :

Cette église est réellement le type d'objet architectural que j'aimerais viser dans mon vérascope...
Peu d'informations sur internet à part le nom de l'architecte Per Kartvedt (?) et aucune image de l'intérieur qui doit pourtant être remarquable. L'église aurait été construite dans le milieu des années 70 !
Toujours à l'étranger mais bien plus au sud :


Cette chose est bien une église. Nous sommes aux Canaris, plage del Inglès. Il s'agit si j'en crois la carte postale Rabadan d'une église œcuménique. Je n'ai pas le nom de l'architecte, je n'ai à vrai dire aucune information.
L'objet reste curieux, comme un chœur inachevé qui attendrait son transept ou comme un auditorium de plage. Difficile de deviner sa profondeur et même le plan de l'ensemble depuis ce point de vue.
Revenons en France :


Cette vue multiple nous montre Paris. Et dans ce Paris l'église Marie-Madeleine-Médiatrice qui serait l'œuvre de Monsieur Vidal architecte.
Cette église semble bien hésiter entre modernité franche et respect des formes traditionnelles et c'est surtout dans le détail des lignes, dans sa sobriété classique que, étrangement, on peut la dire moderne. Elle daterait des années cinquante et notre architecte Vidal semble si j'en crois mes ouvrages un spécialiste de la construction des églises (une vingtaine !)
Pour ma part, je jubile ici surtout du campanile extrêmement élancé et superbe. Il me faudra à ma prochaine visite parisienne m'y rendre et ensuite j'irai boire un godet au Clairon que l'on voit aussi sur cette carte postale Leconte, édition à n'en pas douter en exclusivité pour ce bar-tabac.
Une aventure singulière :



Dans le Jura c'est le bois !
Et la ville de Lavancia-Epercy est heureuse et fière de son église moderne toute de bois. L'éditeur Combier des cartes postales le précise bien au dos, cette église est faite en différentes essences de bois. On ne connaît pas le nom de l'architecte car elle semble avoir été construite pour une exposition à Lyon, démontée et reconstruite dans ce village par les établissements Chalos de St Brieuc. Je crois bien qu'il s'agit là d'un cas unique en France !
L'église fut en effet offerte à la commune qui n'avait pas de budget pour en reconstruire une. J'avoue ne pas être très sensible à ce genre de dessin mais la vue intérieure laisse deviner tout de même un très beau travail constructif fait de belles courbes.
Une autre curiosité :


Pour ce qui est de la localité c'est simple c'est écrit dessus : Locminé dans le Morbihan.
Les éditions Dubray ne nous donnent pas le nom des architectes mais précisent qu'il s'agit bien d'une église moderne.
En fait il s'agit d'un collage de deux anciennes chapelles reliées par une œuvre contemporaine de l'architecte Maurice Thomas.
Difficile depuis la carte postale d'émettre un jugement ou une réflexion sur cette œuvre que l'on peut tout de même qualifier de radicale et qui a le mérite de ne pas jouer le pastiche et c'est déjà remarquable. On devine une structure métallique posée sur une base de béton strié et de là où nous nous trouvons cela semble ouvert et parfaitement maîtrisé.
Ce genre de structure pourrait peut-être nous rappeler l'église Saint-Paul de Laxou et pour ce qui est du collage on peut aussi regarder ça :


Nous sommes à Pont-Hébert dans la Manche. Ce qui est spectaculaire avec cette église c'est bien que l'on voit disparaître ce collage :



Et cela grâce aux cartes postales Combier et Delon.
Que s'est-il passé ? Sans doute que suite à la destruction de l'église sous les bombardements l'architecte a cru pouvoir conserver l'ancienne façade mais que celle-ci quelque temps plus tard a donné des signes de faiblesse qui ont engendré sa destruction totale.
Il a dû falloir quelques années vu la taille des arbres... Reste une église... euh... vraiment... solide.

samedi 24 juillet 2010

2 architecture postale, une histoire en mouvement

Poursuivons notre petit tour des Postes représentées en cartes postales.
On verra ici que de proche en lointain, la Poste reste un lieu à nommer, éditer et situer par la carte postale.
Bien cadrée :


Cette carte postale de la Poste de Saint Pourçain sur Sioule provient de mes classeurs Boring Postcard.
Pourtant l'architecte de cette merveille est nommé sur la carte : Monsieur Bauchet Robert. Ce qui est étrange c'est l'oblitération au dos. On trouve le cachet de Suresnes dans les Hauts de Seine daté du 26 12 72 et celui de Pont-Audemer dans l'Eure daté lui du lendemain mais aucun cachet ni du Neubourg lieu du destinataire ni de Saint Pourçain !
Pour ce qui est de la question architecturale...
Vous avez dit Boring postcard...


Ici nous sommes à L'Ardoise commune du Gard devant... le parking de la Poste que l'on devine à gauche !
Mais diable pourquoi avoir cadré, visé ainsi le panneau de stationnement au lieu de nous montrer la construction ? Il faudra que le photographe des éditions "SL" nous donne la réponse !
Sucy-en-Brie :


Notre si cher éditeur Raymon nous offre un joli morceau de ville bien animée. La Poste est bien là, les gens y vont, en sortent.
Les autos en témoignent. Les Panhard prennent de la vitesse, les Ami 6 penchent de partout et les Simca ouvrent leurs portes.
La Poste dans un genre qui m'évoque la reconstruction est un rien tristounette mais solide et sérieuse. Pas de nom d'architecte.
Dans le même genre, objet solide et intégré :


Nous sommes à Courtomer, une édition Gaby pour Artaud. c'est euh... une Poste comme un pavillon. Il faut dire que la teinte généralisée bleu gris de la carte postale ne rend pas l'ensemble folichon.
Attention...


Oui.
C'est possible.
Je me souviens très bien de ma jubilation à trouver cette carte postale sur les tourniquets de la maison de la presse de St-Etienne de Fursac.
Comment dire ?
Il s'agit d'une édition Iris pour Théojac. Totalement ennuyeux et parfaitement jubilatoire.
Dans le genre :


Cazaux en Gironde.
Le Carrefour de la Poste. Vous voyez la Poste ?
Cherchez la DS Break.


Vous y êtes !
Encore plus dur :


Lezay dans les Deux-Sèvres.
On admirera surtout les nouvelles halles et le vide sidéral du premier plan. Petit détail autobiographique : il s'agit d'une carte postale familiale envoyée par ma grand-mère à mes parents de Lezay le 5 octobre 1971 à 19h15.
J'imagine donc celle-ci posant son courrier là :


Mais je n'oublie pas malgré ce soudain regard sur son patrimoine que la Poste a permis ce sacrilège :


Au milieu des années 70 la magnifique Poste de Monsieur Ursault à Royan fut totalement et arbitrairement défigurée.
Une vraie honte. Je ne vois pas de mot assez fort pour dire l'aveuglement possible devant ce qui était un très beau plan et très beau dessin.
Comment est-ce possible ?


Voyez à nouveau la Poste de Royan au temps où elle savait être légère, ouverte en façade, fluide et articulée sur son îlot faisant du passage à ses bureaux une promenade dans un jeu de courbes, accompagnant le visiteur tranquillement de l'extérieur vers l'intérieur.
Je souhaite qu'aujourd'hui la Poste possède dans son équipe quelques regards affûtés pour éviter une nouvelle fois ce genre de bévue patrimoniale et esthétique. C'est à voir...
Heureusement parfois des gens se lèvent et se battent pour sauver le patrimoine de la Poste et cela malgré elle.
Exemple : le centre de tri de Nancy de Claude Prouvé architecte.
Voici quelques cartes postales ironiques éditées lors de ce combat mené pour cette sauvegarde par Urbuberlu et envoyée par Natacha Delannoy. Merci.



Malheureusement rien dans l'exposition architecture postale sur cet événement patrimonial, sur la reconversion du lieu, sur la position de la Poste sur cet enjeu architectural. Pourquoi ?
La reconversion en Palais des Congrès est effectuée par Monsieur Marc Barani.
Il reste encore à évoquer les centres de vacances des P.T.T. Mais je crois pour vous comme pour moi qu'on va attendre encore un peu...
Et puis continuons à regarder comment finalement un programme architectural identique se trouve ainsi décliné dans toutes les villes de France même si la Poste semble vouloir parfois partir, se regrouper et surtout avoir des clients...
Alors allez voir cette exposition surtout pour les belles et toujours étonnantes photographies de Monsieur Stéphane Couturier et aussi pour cette collection postale absolument riche et étonnante.
jusqu'au 28 septembre