dimanche 17 janvier 2010

le paradis



Comme dans les rêves des architectes et des urbanistes.
Des immeubles au confort moderne et à la juxtaposition complexe et habile s'organisent en ville. A leur pied des espaces dits verts et que les habitants utilisent comme à la fois des jardins, des prairies, des bosquets. Presque du bocage.



On habiterait ensemble, regroupés pour gagner cet espace de liberté et la convivialité servirait comme dans les villages à nous tenir là par des bonjours simples, des menus services et du savoir-vivre.
Les architectes auraient tout bien étudié. La lumière qui entre, la place de la chambre des parents, l'isolation phonique. Comme une maison suspendue dans les airs. Et puis les couleurs pour pouvoir du bout du doigt montrer à Laurent et à Sandrine la fenêtre de sa chambre sur la hauteur de la tour.
Dès qu'il ferait beau on descendrait pour se retrouver là sur les portiques vaguement surveillés par la grande sœur de Malik.
On dirait la plage, on dirait le jardin de Tonton en Normandie.
Le cul dans l'herbe propre on regarderait comment le ciel bleu camoufle gentiment le haut de la tour sans trop y croire.


Le plus grand drame serait d'avoir perdu les deux pièces d'un franc pour l'achat du pain au retour de l'école.
On entendrait les parents se demander pourquoi aller vivre ailleurs, tu sais il y a tout ici pour les enfants et puis le parc c'est tout de même bien pratique.
Surtout ce grand portique sur lequel on grimpe, tombe, glisse. Certains rêveraient d'avoir le cran de monter ainsi à califourchon sur la poutre mais auraient toujours eu peur. Tant pis.




Doucement quelque chose s'est rompu.
L'un a perdu son travail, l'autre a fait ses comptes et finalement un crédit pour un pavillon ce n'est pas beaucoup plus cher que le loyer. Et puis la peinture n'a pas été refaite, les cordages du portique sont en miette, le sable plein de merde de chien.
Reste la trace des chemins inventés dans le gazon. Ceux des raccourcis pas dessinés par les urbanistes. Ça va plus vite par là, on a moins peur.

La carte postale est une édition Abeille-cartes pour Lyna ; la photographie est de Rolf Walter que nous connaissons déjà.
Les immeubles au fond sont de Emile Aillaud et Jacques Kalisz.
Les structures-jeux pourraient bien être de la société IntraBois.
Nous n'avons pas de date.