dimanche 4 avril 2010

Vincent Ganivet, ma jalousie

Je suis heureux parce que je suis jaloux.
Catherine Schwartz artiste et bibliothécaire (oui les deux !) me donne cette image :


Il s'agit d'un carton d'invitation pour une exposition de Vincent Ganivet au Confort Moderne de Poitiers, exposition que je n'ai pas vue malheureusement.
Evidemment cette invitation, ressemble beaucoup à une carte postale ennuyeuse qui pourrait trouver sa place dans ma collection "boring postcard" et c'est sans doute pour cela que Catherine, habilement y a vu une jonction possible, à raison d'ailleurs.
Elle m'explique que c'est l'atelier de l'artiste.
Bon.
Vous me direz : "et alors..."
Et alors, je suis un garçon curieux et avant de publier cette image je suis allé faire un tour ici sur le site de l'artiste et là.... là.... ah non... mais...
Vraiment je suis tombé de ma chaise !
Je vous conseille vivement d'y jeter un œil.
La série le bel accident est d'une grande beauté car elle pratique l'une des choses que j'aime le mieux : l'intelligence du matériau.
Ici avec des parpaings, simples mais brutaux, l'artiste compose à l'envi de superbes voûtes, volumes tendus comme des arches de pierres sèches, romanes.
Simple de mettre à l'épreuve ainsi un module en le faisant jouer dans ses limites mais aussi en le faisant travailler contre les références constructives et techniques...
Simple ici veut dire d'une remarquable évidence, de celles que l'on découvre à rebours se demandant comment ne pas l'avoir vu soi-même.
Vincent Ganivet donne ainsi une noblesse superbe à ses parpaings, un peu, de loin, comme Mario Botta et l'une de ses villas.
Non vraiment bravo.
Mais là où je le jalouse c'est que l'une de ses séries je l'ai moi-même pratiquée : les fontaines sous robinet.
Je vous laisse aller voir les siennes ( série 169A2) et regardez les miennes !
C'est confondant !




Et je pense à mes étudiants toujours un peu interdits lorsqu'ils comprennent qu'une de leurs pièces a été réalisée par d'autres.
Oui, cela arrive.
Alors il faut toujours toujours s'en réjouir dans une jalousie saine celle de la complicité d'esprit.
Moi, j'ai profité de mon expérience en faisant mon travail et je me plais à penser que Vincent Ganivet en a fait de même avec son expérience. C'est ce qui compte, ce terrain d'entente !
Alors je remercie Catherine Schwartz de m'avoir mis sur la piste de Monsieur Ganivet que je vais suivre d'un œil à la fois perçant mais lointain, ménageant mon admiration et ma jalousie !
Ce terrain d'entente je crois aussi que la sensibilité de Catherine à ma personne lui a certainement permis de l'entrevoir cela ne fait aucun doute.
N'oubliez pas d'aller voir le site internet de Catherine, il est drôle, pertinent et tellement tellement joyeux comme elle.
tu sais l'artiste.... qui fait des voûtes en parpaings que l'artiste qui fait le complément d'illustrations du dictionnaire jalouse.... mais si tu sais, j'ai son nom sur le bout de la langue...

une folie marseillaise

J'ai fait cette folie, j'ai acheté cette carte postale :


Vous vous rappelez certainement d'un article publié sur les cartes postales des intérieurs de la cité radieuse de Marseille vues dans un numéro d'Architecture d'Aujourd'hui.
Il s'agit de l'une d'elles.
Remarquable compromis stylistique, cette image nous donne bien une idée de la manière parfois stupéfiante dont les habitants prenaient en charge leur espace moderne.
On peut voir cela de deux manières.
Soit on se moque gentiment de l'incompréhension de l'habitant pour cet espace moderne, en le faisant passer pour un gentil rétrograde incapable de renoncer à son image d'un petit bonheur champêtre, soit on se dit que au contraire, cela est la preuve magistrale que cet espace fonctionne en permettant la projection du goût de tous dans un espace neutre, ouvert et disponible.
Ensuite... Le bonheur... On peut aussi se le choisir !
Ce qui m'étonne dans cette image au-delà de la présence de ce puits (!) dans un appartement dessiné par Le Corbusier c'est bien la qualité du travail de ferronnerie.
Oui.
Admirons par exemple la jolie petite grille au fond.

Est-ce là l'œuvre d'un habile habitant, ferronnier de métier, démontrant ainsi à tout visiteur ses capacités professionnelles au service d'un décor frais et printanier ou d'un habitant ayant simplement le besoin, le matin au réveil de se retrouver dans une allusion de jardin parfaitement évoqué par un puits fleuri et verdoyant ?
En tout cas la question du choix de cet appartement par l'éditeur de cartes postales reste ouverte.
Rien au dos de la carte ne nous permet de formuler une hypothèse. Ryner éditeur nous donne :
Le carrefour du monde, Marseille la cité radieuse, unité d'habitation, Le Corbusier architecte, Bar-salon et chambre d'enfants.
Pourtant dans l'appellation bar-salon on peut voir certainement une interprétation de l'éditeur car je ne crois pas que cet espace ait jamais été nommé ainsi par l'architecte.
Me trompé-je ?
Ce puits est donc un bar cachant de bonnes bouteilles. Là, devant la chambre ouverte des enfants, les parents venaient boire un Martini ou un Pastis (Marseille...) en regardant d'un œil traînant dans l'espace ouvert les enfants jouer sur la terrasse.
Là, c'est moi qui projette !
Mais comment en effet la sélection des appartements et des prises de vues furent effectuées ?
Un choix ironique, un choix didactique ?
Tout simplement un volontariat des habitants fiers de montrer et de diffuser le décor de leur vie ou la construction par quelques décorateurs de style de vie voulant ainsi se jouer des multiples capacités des lieux ?
Qui se souvient avoir visité à l'époque l'un de ces appartements ?