jeudi 21 octobre 2010

les enfants de Sarcelles

Dans mon dernier message, je soulevais une nouvelle fois la question du droit à l'image et du vide d'animation que cela produit dans les nouvelles images et nouvelles cartes postales.
Pour vous montrer combien cette question était absente chez les éditeurs de cartes postales des années 60 (et antérieurement) voici un bien joli exemple :


Nous sommes à Sarcelles-Locheres au centre commercial N°4 grâce à une très belle carte postale des éditions Leconte pour Guy éditeur.
Pas de doute, cette carte postale fut certainement éditée avec l'accord et sur la demande de la librairie et maison de la presse visible sur cette image.
Ce commerce est bien trop cadré pour qu'il s'agisse d'un hasard.
Mais le hasard lui nous permet de voir les enfants de Sarcelles.
Ils sont là, jouant dans la fontaine éteinte et vide, attendant peut-être papa ou maman, ou la voisine partie acheter le journal, Mademoiselle Âge Tendre ou Ici Paris pour voir les photos de Johnny en militaire.
Finalement on voit peu l'architecture de Sarcelles, on comprend tout de même le réseau de boutiques sous un préau fin.
On devine l'envie d'une proximité, là en bas des immeubles tout pour faire ses courses.
Mais aussi, il faut l'avouer ce qui tient cette image c'est bien la présence de ce groupe d'enfants seuls.
Ils sont très jeunes mais on devine assise une fillette un rien plus âgée.



L'allure du garçonnet est vraiment drôle avec sa casquette à visière en mica que je ne sais pourquoi je rêve bleue et ses mains sur les hanches.
Quand au petit short à bretelles c'est vraiment marrant.
Les filles sont très classiques avec jupes à plis qui me font penser aux demoiselles de Rochefort.
Les dames à gauche vont acheter de la laine pour tricoter les petits pulls.
Tout est calme, serein.


Et mon oeil glisse sans fin, rivé sur ma loupe, dans les méandres de la vitrine de la librairie. On devine des affichettes pour la fête des pères.


Des stylos, des livres, des briquets Silver-Match, des coffrets sont là pour donner des idées de cadeaux pour offrir à Papa.


Une recherche rapide m'apprend que Johnny Halliday fut incorporé dans son régiment en mai 1964. Donc la date de la prise de vue est juste avant le 15 juin 1964 !
Mais étrangement, l'élément qui me frappe le plus est un tout petit détail.
Posé sur le mur, en attente d'une croûte de pain tombant d'un panier, un petit oiseau qui me semble bien être une mésange attend patiemment.
Son isolement fait tout mon intérêt comme la fragile rencontre.
J'ai l'impression stupide qu'il pourrait bien être encore à Sarcelles.
Je suis certain en tout cas, qu'il aura appris à sa descendance que depuis ce point de vue, non seulement on trouve facilement à manger mais aussi parfois on a droit au spectacle d'un photographe immortalisant dans un instantanée superbe, un moment de vie d'un des plus grand et emblématique grand ensemble.