samedi 30 octobre 2010

construire, détruire les années 70

Voici deux cartes postales de deux grandes architectures des années 70 mais deux cartes postales de deux moments toujours palpitants de l'architecture, la construction et ... la destruction.
Ici il ne s'agit pas de la même construction prise au moment de ces deux étapes mais il n'est pas difficile de croire que je trouverai bien un jour une carte postale de la construction du Tripode de Nantes et une carte postale de la destruction de la Tour Montparnasse de Paris.
Même si pour cette dernière j'espère vraiment n'avoir jamais à publier une telle carte !
une construction :


Voici une carte postale étonnante nous montrant le chantier de construction de la Tour Montparnasse. Cette carte postale date très précisément la prise de vue du 20 mai 1971 mais étrangement ne nous donne pas de nom d'éditeur.
Elle nous offre également un tas d'informations :
Visite panoramique au 56ème étage, terrasse plein air au 59ème, hauteur de 209 m, 262 au-dessus de la mer, fondation à 70 m en sous-sol, poids de 120 000 tonnes, surface vitrée 39 000 m2 ouf !
Mais on sait également qu'il y aura 7 ascenseurs atteignant le sommet en 40 secondes. Les architectes de cette merveilleuse Tour Montparnasse (si si) sont messieurs Urbain Cassan, Eugène Beaudoin, Louis de Marien et Jean Saubot.
Le chantier est superbe et on voit parfaitement la tour de béton centrale naître.
Mais je regarde aussi la palissade de protection du chantier et je ne peux m'empêcher d'y voir comme un travail de Monsieur Dewasne qui avait signé la couverture de notre guide d'architecture contemporaine en France. Hasard ?
Goût de l'époque ?


Pour ne pas rester sur cette image impudique de notre Tour, je vous propose une vue de celle-ci achevée, belle et impressionnante et en plus une carte postale du grand photographe Albert Monier pour Théojac en Mexicrome :


Destruction :


J'avoue je ne pensais pas que je trouverais un jour ce type de carte postale nous montrant la destruction d'un immeuble.
Ici, il s'agit du Tripode de Nantes qui ne méritait pas cette fin funeste. Son architecte Jean Dumont avait fait là une œuvre forte et puissante bien dans le ton d'une architecture solidement ancrée dans le paysage, le générant même comme un très beau caillou construit. On trouvera ici de belles images nous montrant ses grandes qualités plastiques et sculpturales.
Il semble que l'amiante fut une raison suffisante pour sa destruction, si ce n'avait pas été ça on aurait bien trouvé autre chose...
Dommage.
Il est certain que ce patrimoine tombant sous les explosions de dynamite, faisant de beaux spectacles dont tout le monde semble se réjouir finira un jour par devenir un regret.
Alors les éditions de cartes postales deviendront le témoin funeste de ce manque de regard.
En attendant remercions les cartophiles des pays nantais qui ont cru bon de rendre ainsi hommage à ce bâtiment de l'architecte Jean Dumont (et non Jean Belmont comme je l'avais écrit, merci Philippe Piron !)
Car cette carte postale appartient à ce domaine de l'édition carthophilique qui édite ainsi pour des collectionneurs comme nous des images contemporaines. Celle-ci ne fut éditée qu'à 1500 exemplaires.
La photographie est de Monsieur Roland Babin dont je ne sais s'il appartient à ce club cartophilique.
Difficile de savoir s'il s'agit là d'un dernier hommage, d'un soulagement voire d'une indifférence à la construction. Il semble plus certain que l'objet de cette carte postale soit l'exploit technique de l'implosion et l'événement urbain et historique.
En effet on nous informe au verso de la date précise de l'implosion : le dimanche 27 février 2005 à 10h05 min, de sa durée de 13 secondes.
On nous informe aussi que l'implosion généra 20 000 tonnes de gravats à recycler.
Mais rien, pas un mot sur l'architecte.
Comme une honte stupide, un manque de tact.