dimanche 7 novembre 2010

le vide et le plein



Deux cartes postales pour parler de l'espace, dire que l'architecture dans tous ses aspects et même les plus triviaux est une question de plein et de vide, d'animation des espaces proposés à nos vies.
Dire que, de l'ennuyeux naît encore la fascination de l'attente de l'événement ou son achèvement.
Dire que la foule ne me rassure pas, que je compte les morts en tentant les généalogies de chacun.
Dire que le bruit de la foule rassemblée en un lieu est plus angoissante que son absence mais reconnaître en même temps que ce plein de corps peut avoir une chaleur.
Être en permanence dans cette balance entre la solitude d'un monde abandonné (donc entièrement à soi, donc avoir le pouvoir absolu) et la multitude d'un groupe qui permet la reconnaissance (narcissisme...)
Voir dans les motifs des chemises des hommes, dans ceux des robes des femmes, une époque et un statut social.
Les endimanchés font la fête joyeuse, un rien grasse. On aurait passé un bon moment et Yvette avait vraiment une bonne mine.
Jacquot nous a ramenés tous les trois, il a pris un café à la maison et il est reparti avec une boîte de six œufs.
On aurait évoqué le souvenir de Simone. Elle a bien souffert.
Et puis la musique aurait fait danser un peu une valse à Jacqueline et son petit fils Mathieu venu de Paris.
Les nappes blanches seraient tachées de vin bon marché. Les chaises de métal auraient rayé le carrelage.
Paul le serveur serait parti bien après tout le monde sur sa moto toute neuve. Il aurait accéléré un peu fort dans un virage. La roue arrière aurait décroché. Il serait resté là.
L'année suivante pas de doute que tous à nouveau réunis ici, son prénom aurait été prononcé dans des phrases au regret appuyé.
Il faut bien avoir une conversation.
Et personne, non personne ne se demanderait qui a pensé à la hauteur du plafond, à l'orientation des fenêtres, à la qualité du dessin des arcades. Personne.
Et l'une sur l'autre, les deux cartes postales ne diraient rien de plus que la fonction du mobilier et de l'architecture : accueillir des corps.


Nous étions à Tournehem-sur-le-Hem à la maison Bal-Meubles et parc d'attractions.
C'est entre Calais et St-Omer.
Il s'agit d'éditions de la maison Combier.

Non non je vous rassure, tout va bien...