mardi 31 janvier 2012

Organique canadien

J'aime apprendre et découvrir et une boîte pleine de cartes postales vaut bien un autre moyen.
Voici un exemple avec ces deux cartes postales pour le coup très contemporaines :



Nous sommes... oui pardon ! C'est écrit dessus !
N'est-ce pas là un étrange bâtiment ?
Il est bien maniéré cet ensemble de courbes qui se tordent entre elles, se stratifient, et jouent à la fois de références organiques et animales un peu, un tout petit peu, comme Franck Lloyd Wright.
L'architecte s'appelle Douglas Cardinal et son très beau site internet nous montre d'autres constructions encore plus étonnantes notamment son église Sainte Marie.
On pourra s'amuser du collage des tipis posés dans ce décor et reconnaître qu'au moins l'architecte n'a pas singé cette architecture.
Mais étrangement ce musée me rappelle une autre construction sur le sol canadien qui tout en étant vraiment différente du point de vue de son programme joue elle aussi de certaines références formelles végétales et conchycoles.
Le très beau stade olympique de Monsieur Taillibert à Montréal :



Mais une série de cartes postales peut raconter l'histoire de l'une des icônes de l'architecture canadienne.
On pourrait commencer par le dessin grâce à cette carte postale "les messageries dynamiques Inc." Superbe non ? Et rare de voir ainsi une architecture représentée par son dessin.



Puis :



Toujours chez le même éditeur la maquette comme sous la neige ! Vraiment un beau document.
On poursuit ?



Ici le stade est encore en construction car la tour n'est pas achevée. L'éditeur "messagerie de presse Benjamin" devait avoir hâte de vendre des images !



Au fond on reconnaît le village olympique vu ici.
Enfin dans toute sa gloire avec son toit en textile recouvrant le stade et se repliant si nécessaire dans la tour :



Certainement l'un des plus beaux bâtiments du pourtant très prolixe Monsieur Taillibert.
Sans doute que le sol canadien aime à se couvrir ainsi d'étranges animaux de pierre et surtout de béton croyant naître de la terre elle-même, de certaines légendes et d'une modernité toute nord-américaine.
Tant que cette hésitation produit d'aussi curieuses constructions...

lundi 30 janvier 2012

Les contes de Perrault

Nous avons toujours du mal avec les disparitions, les démolitions, les déconstructions.
Nous avons toujours du mal avec les changements de façades, les rhabillages modernes.
Nous sommes comme ça, soit d'indécrottables nostalgiques, soit des défenseurs zélés du Patrimoine.
Que voulez-vous... je crois en l'origine, je crois en la qualité, je crois à la nécessité surtout de préserver des traces, des histoires parce que la ville que j'aime est ce collage, ces plis, ces strates d'époques et non un écrasement de l'actualité brillante qui confond souvent urgence et nécessité.
Mais voilà, parfois quand un grand architecte, je veux dire un de ceux qui vous font retourner sans cesse sur les lieux de son crime vous font une proposition de ce type, vous y regardez par deux fois avant de dire non.
C'est un peu le cas aujourd'hui.
On verra alors que la carte postale une fois de plus jouera son rôle de documentation, de traces et de preuves.
Elle permettra dans la permanence de sa photographie de nous rappeler avant le grand chambardement la réalité ancienne de ce lieu.
Voyons :



Nous sommes à Boulogne (Hauts-de-Seine) devant les immeubles au Pont de Sèvres. La carte postale Raymon ne dit rien des architectes sans doute parce que le cadrage ne spécifiant pas particulièrement un immeuble ne nécessite légalement aucune information de ce type.
Mais le Moniteur nous informe par son billet que cet ensemble serait à l'origine de Daniel Badani et Pierre Roux-Dorlut. Il faut lire le billet intitulé Focus dans ce même article qui est d'une poésie... printanière !
Perles, pétales, colliers, ciel comme la naissance d'une fée dans un conte. On convoque le vocabulaire qui souvent (trop) fait écran. Mais ne boudons pas. Monsieur Perrault dont j'admire sans réserve le travail et notamment l'université de Kobé (une pure faille sensible) a le droit de communiquer comme il veut.
Nous préférerons sans doute, sans ce vocabulaire, voir avec les yeux naïfs qui ne savent rien de ces références pour simplement (et certainement) une fois de plus trouver le travail de l'architecte magnifique et brillant.
Pour voir et suivre cette transformation nommée Citylights allez là et voyez.
Et ceux qui ne connaîtraient pas encore ce chef-d'œuvre coréen que représente l'université féminine de Séoul peuvent aussi aller là en attendant d'arpenter dans le réel un jour sans doute ses pentes et leur fonction oblique...

un écran libre, une grande image inutile ?

Voici Nanterre :


Nous sommes devant le centre commercial des Fontenelles.
Un grand ensemble, un parking, un centre commercial, rien d'autre qu'un morceau de ville à la fois banal et particulier.
Je ne sais pas si nous devons parler d'architecture, d'urbanisme devant une telle image. Rien ne nous invite à rester là. Rien... ce n'est pas si sûr...
Car un élément m'invite à entrer dans l'image :



Ce panneau vide de publicité, cet écran blanc est une invitation à le remplir. Mais avec quoi ?
Amusons-nous un peu...
D'abord avec l'image elle-même dans une mise en abyme bien sentie... (cliquez dessus pour agrandir les images)


Puis avec du ciel pour une poésie un peu cucul...


Avec un autre quartier de Nanterre dessiné par Mr Kalisz, pour s'amuser d'une comparaison...


Avec un hommage sage à un photographe contemporain qui me touche, Félix Gonzales-Torres...


Un nombril...


un effet caméléon...


Si vous avez des idées...
On pourrait aussi laisser cet écran vide et reposant comme un signe de la disparition rêvée de la publicité et de ce désir toujours de nous imposer de grandes images.

dimanche 29 janvier 2012

Royan noir blanc

Les éditeurs de cartes postales sont parfois un rien farceurs et blagueurs.
Voici une nouvelle preuve de cette qualité avec un procédé déjà évoqué ici qui consiste...



...à nous faire passer le jour pour la nuit.
En effet cette carte postale de Notre-Dame de Royan par CAP intitulée "vue de nuit" est bien une rigolade éditoriale.
Le procédé est simple et permet de régler la question du temps de pose et de l'éclairage de l'œuvre de Monsieur Gillet facilement : on édite le négatif !
On pourrait facilement y croire tant qu'on regarde le ciel et la construction qui semble bien, elle, éclairée violemment par des projecteurs mais dès que nos yeux quittent l'église et glissent sur le parking, plus de doute, on est bien dans une image négative.
Remettons les choses dans l'ordre et hop !



D'ailleurs cette photographie positive a-t-elle été éditée ? Je ne la possède pas dans ma collection.
Mais parfois, les photographes de cartes postales savent saisir un moment météorologique et alors l'image hésite seule entre jour et nuit.



Cette édition est encore due à CAP, elle est datée de 1963 et le ciel semble bien hésiter entre jour et nuit. Cette dernière grignote le haut de la flèche qui disparaît. Les ombres indiquent pourtant que le soleil est haut dans le ciel et que nous serions en milieu de journée !
Qu'importe finalement, Notre-Dame de Royan sait faire architecture de jour comme de nuit, de positif en négatif, elle monte dans le ciel noir ou blanc avec la même puissance et c'est bien ce que nous aimons.





samedi 28 janvier 2012

Sens Super 8

Me voici de retour de Sens.
J'ai retrouvé "mon" centre commercial. J'avais rendez-vous avec Brigitte Cornand pour qu'elle puisse visiter et filmer le centre commercial pour un documentaire que je souhaite voir bientôt, documentaire sur Claude Parent.
Nous avons passé un beau moment et fûmes bien accueillis et guidés par le personnel du centre commercial. Merci à tous. La rencontre avec Brigitte fut tout de suite très amicale et nous avons aimé le bâtiment souvent de la même manière : c'est bon signe.
Je vous propose quelques images inédites donc, car je n'avais pas pu visiter la totalité des rampes pendant la demande de classement ni même certaines parties arrières du bâtiment qui sont, de fait, interdites au public. Je ne publierai pas d'ailleurs toutes les photographies pour des raisons de sécurité.
On peut tout de même conclure : l'état constructif du centre reste très correct malgré des rajouts malheureux réalisés sur les quais de déchargement, pourtant l'une des plus belles parties du centre. Arpenter les rampes m'a permis de confirmer encore et encore la validité de la Fonction Oblique et le très beau travail des percées sur la façade qui reste valide là aussi malgré les occultations commerciales. On découvre des vues du paysage comme au travers des ouvertures des bunkers toujours à la hauteur des yeux des visiteurs. Toutes les boutiques sont vides aujourd'hui sauf à l'entrée le marchand de journaux qui résiste vaillamment. Mais sans aucun doute l'une des plus grandes jubilations de cette dernière visite fut la découverte de la brasserie Moby Dick encore dans son jus avec son bar "seventies" qui rendrait jaloux les discothèques d'Ibiza !
Allez ! On y va ?
C'est parti ! Bonne visite.


















triangulations

Un triangle c'est solide, tellement solide qu'il semble que les architectes modernes se soient emparé de cette solidité pour fabriquer et imaginer des formes plus complexes dont il serait (le triangle) la base.
Voici quelques exemples bien curieux :



Nous sommes dans ce qui semble être une vraie curiosité française : la médiathèque d'Arles, l'espace Van Gogh.
Une structure vert pomme monte depuis des boules noires du sol au plafond formant un réseau d'une complexité remarquable, une forêt de tubes. C'est superbe non ?



En tout cas, il est bien question ici de magnifier la structure, d'en faire une œuvre en soi. Et j'aime beaucoup comment cette mêlée touche le sol, articulée sur ces boules qui donnent à la fois la sensation d'une articulation possible, d'une mobilité mais aussi quelque chose de l'os ou du genou. Et la couleur est incroyable !
Quelle belle découverte grâce à cette carte postale sans éditeur dont la photographie est de Jeanne Davy. On doit cet espace Van Gogh aux architectes messieurs Froidevaux et Tétrel. Je trouve trop peu de choses sur ce lieu malheureusement mais j'ose le rapprocher des treillis de Konrad Watchman.
Autre exemple :



Nous allons en quelque sorte nous rapprocher de Buckminster Fuller avec cette carte postale de Toronto et son Ontario Place.
Nous regarderons surtout le détail du dôme ici :



Et nous y reconnaîtrons la formule qui consiste à faire sphère avec des triangles... On devine assez mal le reste de l'architecture sur cette carte postale "The Postcard Factory". Mais une célèbre encyclopédie en ligne vous donnera toutes les informations. La sphère accueille un cinéma et le reste de cette architecture semble bien passionnant.
Plus... rare...



... venant d'Israël, cette carte postale nous montre Naama Bay. Et sur la plage, nous avons l'occasion trois fois de nous interroger !
D'abord avec le détail suivant :



A quoi servent-ils ? sont-ils des bungalows pour les touristes ?
Puis, sur la plage :



Cette magnifique structure toute de triangles composée qui semble simplement fournir de l'ombre aux baigneurs venus là. Et enfin...



La vigie du surveillant de baignade est elle aussi remarquable semble-t-il. Elle mesure 5 millimètres sur ma carte postale donc difficile de faire autre chose que de deviner une jolie petite chose en triangles !