lundi 30 janvier 2012

Les contes de Perrault

Nous avons toujours du mal avec les disparitions, les démolitions, les déconstructions.
Nous avons toujours du mal avec les changements de façades, les rhabillages modernes.
Nous sommes comme ça, soit d'indécrottables nostalgiques, soit des défenseurs zélés du Patrimoine.
Que voulez-vous... je crois en l'origine, je crois en la qualité, je crois à la nécessité surtout de préserver des traces, des histoires parce que la ville que j'aime est ce collage, ces plis, ces strates d'époques et non un écrasement de l'actualité brillante qui confond souvent urgence et nécessité.
Mais voilà, parfois quand un grand architecte, je veux dire un de ceux qui vous font retourner sans cesse sur les lieux de son crime vous font une proposition de ce type, vous y regardez par deux fois avant de dire non.
C'est un peu le cas aujourd'hui.
On verra alors que la carte postale une fois de plus jouera son rôle de documentation, de traces et de preuves.
Elle permettra dans la permanence de sa photographie de nous rappeler avant le grand chambardement la réalité ancienne de ce lieu.
Voyons :



Nous sommes à Boulogne (Hauts-de-Seine) devant les immeubles au Pont de Sèvres. La carte postale Raymon ne dit rien des architectes sans doute parce que le cadrage ne spécifiant pas particulièrement un immeuble ne nécessite légalement aucune information de ce type.
Mais le Moniteur nous informe par son billet que cet ensemble serait à l'origine de Daniel Badani et Pierre Roux-Dorlut. Il faut lire le billet intitulé Focus dans ce même article qui est d'une poésie... printanière !
Perles, pétales, colliers, ciel comme la naissance d'une fée dans un conte. On convoque le vocabulaire qui souvent (trop) fait écran. Mais ne boudons pas. Monsieur Perrault dont j'admire sans réserve le travail et notamment l'université de Kobé (une pure faille sensible) a le droit de communiquer comme il veut.
Nous préférerons sans doute, sans ce vocabulaire, voir avec les yeux naïfs qui ne savent rien de ces références pour simplement (et certainement) une fois de plus trouver le travail de l'architecte magnifique et brillant.
Pour voir et suivre cette transformation nommée Citylights allez là et voyez.
Et ceux qui ne connaîtraient pas encore ce chef-d'œuvre coréen que représente l'université féminine de Séoul peuvent aussi aller là en attendant d'arpenter dans le réel un jour sans doute ses pentes et leur fonction oblique...

un écran libre, une grande image inutile ?

Voici Nanterre :


Nous sommes devant le centre commercial des Fontenelles.
Un grand ensemble, un parking, un centre commercial, rien d'autre qu'un morceau de ville à la fois banal et particulier.
Je ne sais pas si nous devons parler d'architecture, d'urbanisme devant une telle image. Rien ne nous invite à rester là. Rien... ce n'est pas si sûr...
Car un élément m'invite à entrer dans l'image :



Ce panneau vide de publicité, cet écran blanc est une invitation à le remplir. Mais avec quoi ?
Amusons-nous un peu...
D'abord avec l'image elle-même dans une mise en abyme bien sentie... (cliquez dessus pour agrandir les images)


Puis avec du ciel pour une poésie un peu cucul...


Avec un autre quartier de Nanterre dessiné par Mr Kalisz, pour s'amuser d'une comparaison...


Avec un hommage sage à un photographe contemporain qui me touche, Félix Gonzales-Torres...


Un nombril...


un effet caméléon...


Si vous avez des idées...
On pourrait aussi laisser cet écran vide et reposant comme un signe de la disparition rêvée de la publicité et de ce désir toujours de nous imposer de grandes images.